Retrouvez ici la trace GPS du voyage de tous les produits labellisés 163. Vous trouverez également le rôle d'équipage ainsi que le journal de bord.
Tous les produits ramenés à bord du Lun II lors de ce trajet sont labellisées avec le code 163. Le Lun a ramené divers produits: du rhum, du café et du thé
Le journal de bord suivant qui suit a été rédigé collectivement par les matelots du Lun II pendant la traversée. Un très grand merci à eux pour ce témoignage précieux et authentique. L’équipe de TOWT s’est permis quelques corrections pour adapter ce journal de bord au format web.
Mardi 21 juin 2016. « Larguez » la voix du capitaine trouble le calme matinal des quais de Pointe-à-Pitre. La dernière amarre est ramenée à bord et Lun II s’en va dans un doux ronronnement emprunter le chenal menant aux eaux libres. Nous remontons donc en deux bords avec un léger appui moteur, l’occasion de valider l’arrimage de la marchandise et particulièrement des 12 tonneaux de Rhum qui accompagnent le café. Trois heures plus tard, nous remercions notre machine, hissons le foc de route et, heureux de glisser de nouveaux sur une longue houle océanique, Lun II s’élance…
Jeudi 23 juin. Troisième jour, alors que Lun II s’éloigne peu à peu des eaux chaudes des caraïbes, l’équipage organise son quotidien. Rythmé par les heures de barres, les manœuvres, les repas et les temps calmes, chacun profite comme il le souhaite de ses douces heures au milieu de l’océan. Les conditions météo sont stables, nous n’avons pas changé de voilure depuis notre départ et si nous hésitons parfois à mettre plus de toile, les grains réguliers nous rappellent vite à l’ordre.
Samedi 25 juin. La mer est calme, le vent faiblit progressivement depuis hier, toujours d’Est 10 nœuds environ. Le bateau a retrouvé une gite plus confortable, le pont est sec, les clairevoies grandes ouvertes. La voile de flèche prend sa place au-dessus de la Grand-Voile et nous rajoutons un grand foc sur le bout-dehors à une vitesse réduite à 4 nœuds, l’étrave de Lun II pointe toujours vers le Nord ainsi nous espérons contourner les devants de l’anticyclone des Açores et bénéficier de vent portant à l’Est dans quelques jours.
Lundi 27 juin. Nous profitons d’un gros grain pour nous laver. Tout l’équipage se retrouve sur le pont, à se frotter de savon, vite avant que la pluie cesse. Le moindre seau se transforme en un précieux récipient : l’occasion d’une douche à l’eau douce ne se représentera peut-être pas de si tôt !
Mercredi 29 juin. Neuf voiles nous portent à presque 6 nœuds malgré un vent faible (13 nd) devenu Sud-Est. Il faut dire qu’on s’est donné du mal : toute la journée à manœuvrer, hisser, régler, ajuster, observer, essayer de faire porter le plus de voiles possibles pour aller chercher quelques 10e de nœud. Pour les plus technique, de l’avant à l’arrière : Génois, Foc, Trinquette, Fortune carrée, GV, Flèche de GV, foc d’Artimon, Artimon et flèche d’Artimon ! Et toutes ces voiles sont gonflées !
Vendredi 1er juillet. Nous avons passé le 36e parallèle et comme nous l’attendions le vent est au cours des 3 derniers jours passé de Sud Est à Sud-Ouest. Nous avons donc progressivement pris cap vers l’Est commençant ainsi à faire cap sur l’Europe. « On affale » s’exclame Ulysse à la barre suivi d’un « tout le monde sur le pont ». Les trois voiles légères sont immédiatement ramenées. Une manœuvre que nous commençons à bien connaitre et maitriser. Ces quelques minutes d’effort suffisent au vent pour se calmer, puis comme il se doit après un grain, tomber complément. Une heure plus tard, le vent ayant viré à l’ouest, nous empannons pour retrouver notre cap initial et retrouver une vitesse convenable de 5/6 nœuds. Nous resterons toilés ainsi pour la nuit : artimon, grand-voile et fortune carrée.
Samedi 2 juillet. Il est 13h et l’ambiance est presque dansante dans le carré, là où la musique gitane fait taper du pied et bouger la tête de Jonathan. Ce dernier est en train de coudre un pantalon de la même manière qu’il le fait pour une voile : aiguille, paumelle et pince à la main.
Dimanche 3 juillet. Nuages bas, averses régulières, le vent à forcit, 20, 25nd. On adapte la voilure puis on retourne au lit. Pas envie d’être dehors. Tout le monde est à l’horizontale excepté le barreur qui attend la relève pour faire de même. On dirait un lendemain de soirée… mais non ! Juste un dimanche gris !
Mardi 5 juillet. 2 Semaines que nous sommes en mer et la vie a trouvé son rythme à bord. Les quarts s’enchainent selon l’emploi du temps établi par Ulysse mais également et surtout en fonction de la fatigue de chacun.
Vendredi 8 juillet. Les milles défilent, plein Est ! Plus que 450 milles et nous pourrons poser pied à terre. C’est bon d’y penser. Le vent faibli doucement mais Lun II ne ralenti plus après une nuit à 9nd de moyenne. Du soleil ! On sort les cirés, les habits, les draps pour tout faire sécher. Drôle de voiles !
Dimanche 10 Juillet. Fin d’après-midi, l’horizon bien que dégagé ne donne aucun signe de vent. Aucun signe, non plus, des splendides cétacés pourtant si nombreux dans l’archipel des Açores. A défaut, certains, en sont venu à pêcher une méduse pour l’observer trop longtemps ! Il est temps de faire quelques choses… C’est alors qu’après 19 jours de glisses seulement poussé par Eole, le puissant moteur du bord se fait entendre de nouveau. L’occasion également de recharger les batteries. Lun II continue doucement sa route sur la mer plate et silencieuse. D’humeur festive, Armand et Jonathan s’élancent dans une jam session endiablée sur le bourdon du moteur.
Lundi 11 juillet.Les Açores sont proches maintenant. On devrait, me dit-on, arriver demain matin aux premières heures. Après avoir battu des records de vitesse, ces derniers jours, Lun II avance paisiblement sur une mer plate que froissent d’innombrables petites rides légères.
Mardi 12 juillet.Il est 9h, l’ancre plonge devant le port de Punta Delgada. 21 jours et 2900 miles parcourus depuis notre départ de Guadeloupe. Lun II a été largement à la hauteur de nos attentes ! Performant, sécurisant, solide et confortable ! La marchandise n’a pas bougé d’un centimètre et se porte à merveille. L’équipage est en forme, les visages souriants et les regards montrent une impatience certaine à fouler la terre ferme !
Samedi 16 juillet. Midi : Départ de Punta Delgada. Cinq jours d’escales. Des nuits complètes, de l’entretient, un avitaillement, du ménage, des soirées plus ou moins arrosées et surtout 80 kilos de thé local pour compléter notre cargaison et l’équipage réduit à 6, (le doyen du bord, Peter à du débarquer ici) reprend la mer. 2 à 3 nœuds, cape au 50°… on aimerait mieux… ça pourrait être pire… C’est les règles du jeu du transport à la voile. .
Lundi 18 juillet. Temps calme. Le vent a doucement viré au nord depuis notre départ mais n’a pas changé d’intensité. Notre route a doucement dévié à l’Est toujours au ralentit mais pas à l’arrêt ! C’est le moment où l’équipage, prend soin de son navire, le nettoie, le frotte, l’huile, l’entretien, l’embelli, le cajole et lui donne l’attention dont il aura besoin pour finir le voyage.
Mercredi 20 juillet. Le vent a repris, les voiles de Lun II se gonflent à nouveau, pour le plus grand bonheur de son équipage !
Vendredi 22 juillet. Comme s’il savait où il allait, comme s’il connaissait sa destination final, Lun II file droit sur la pointe du Finistère. On pourrait croire que la route lui est familière. Peut-être un lointain souvenir de ce voyage vers le Mexique il y a 20 ans…
Samedi 23 juillet. Le voyage commence à être long. Nous avons définitivement quitté les tropiques et nos maillots de bain. Les polaires recouvrent à présent nos bras de moins en moins bronzés. Les nuages gris, massifs, nombreux ne quittent plus le dessus de nos têtes, l'air est frais, le moral fatigué. Et puis, une fin de journée, sans prévenir, le ciel nous propose une pause, il se dégage et laisse les rayons du soleil nous réchauffer quelques heures.
Mardi 26 juillet. Au rythme où le vent nous pousse, nous devrions arriver en Bretagne avant la fin de la semaine, estimation annoncée. Nous nous rapprochons des côtes. Nous croisons enfin quelques cargos. Hier, un petit chalutier a croisé notre route. Il est passé devant nous, à quelques centaines de mètres à peine, il faisait route vers le Portugal.
Jeudi 4 Aout Les dernières prévisions d’escale étaient un peu optimistes, et le navire est finalement arrivé à Douarnenez en ce jeudi 4 aout. Sur le bateau comme sur le quai, l’excitation était à son comble ! L’équipe de TOWT a accueilli l’équipage comme il se doit, et tous ensemble ils sont allés fêter la conclusion de cette magnifique aventure.
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