Récit du cabotage

Mercredi 22, à 14 heures, Croix du Sud III, affrété par TOWT, quitte le port finistérien après avoir chargé environ 750 kg de produits ANEMOS – transportés à la voile. Le voilier prend la direction de Granville, où il est attendu pour le festival des voiles de travail, et arbore ses voiles rouges avec noblesse, se déhanche et file, lentement d’abord, mais sûrement vers la Normandie. A bord, son capitaine, Jean-Pierre, clope au bec, veille à la bonne fluidité des manœuvres. Néanmoins, chaque membre de l’équipage s’alterne à la barre : Pascal, Yaël, Patrick et Jean Marie. Après avoir reçu la visite de grands dauphins près de Molène qui ont escorté le bateau pendant une dizaine de minutes, vers 17 heures, le soleil disparaît sous les nuages, l’air se refroidit, les côtes s’éloignent et la mer se calme. Le soir, l’équipage s’organise en quarts car le temps est compté, et continue de naviguer sur une mer étale éclairée par la lune.

Le matin, le vent arrière est inconstant et le voilier se traîne. Puis en fin de matinée, le vent se lève enfin véritablement et après une décision commune, l’équipage décide de prendre un ris pour réduire la surface de la voile et permettre au bateau d’être plus stable. Vers 18 heures, le vent forcit (vent de force 5) à tel point qu’il oblige l’équipage à affaler les voiles, à se mettre à sec de toiles, et à démarrer le moteur pour des raisons de sécurité. La nuit est mouvementée et sportive. Le bateau tangue de gauche à droite, l’eau montant par dessus bord. L’avant du voilier s’enfonce dans les creux crées par le houle. Enfin, l’écluse du port de Granville s’ouvre. Croix du Sud III pénètre dans le port à la suite des chalutiers qui reviennent de la pêche. On est vendredi, il est 6 heures du matin. L’équipage épuisé sombre dans un profond sommeil.